Mensik, un sacre à la Rune, un avenir imprédictible

Publié le 4 avril 2025 à 18:36

La victoire de Mensik à Miami rappelle étrangement celle de Rune à Bercy en 2022. Mais la trajectoire du Danois ces trois dernières années doit avertir le jeune Tchèque : pour lui, le plus dur commence maintenant.

Un joueur de 19 ans au caractère déjà bien affirmé qui bat Djokovic en finale pour remporter son premier Master 1 000, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? Holger Rune assurément. Pourtant, on parle bien de Jakub Mensik, vainqueur du Djoker en finale de Miami. Le titre du jeune Tchèque possède de nombreuses similitudes avec celui remporté par le Danois à Paris Bercy en 2022.

Commençons par les plus évidentes. Les deux joueurs ont remporté leur premier Master 1 000 quasiment au même âge : 19 ans et 191 jours pour Rune, 19 ans et 210 jours pour Mensik. En finale, une fois n’est pas coutume, on retrouve à chaque fois Novak Djokovic dans le rôle inhabituel de la victime.  

Pour battre la légende serbe lors de sa première en Master 1 000, il faut un sacré caractère. C’est précisément ce qui rapproche ces deux joueurs qui semblent douter de rien et certainement pas de leur tennis. Une confiance en soi que l’on a retrouvée dans la gestion des moments importants au cours de leur finale respective : Mensik a remporté les deux tie breaks qu’il a disputés contre Djokovic tandis que Rune avait sauvé dix balles de break et converti ses trois seules occasions contre Nole, pourtant la référence ultime quand il s’agit de serrer le jeu. 

Le jeu des ressemblances ne s’arrête pas là. Au moment de leur premier Master 1000, les deux hommes partagent un autre point commun, celui d’évoluer dans l’ombre d’un autre crack de leur génération. Quand Rune a remporté Bercy, le public avait surtout appris à faire la connaissance d’un certain Alcaraz qui occupait la place de numéro 1 mondial. Avant Miami, le monde de la petite balle jaune s’extasiait davantage sur les performances de Fonseca que sur celles de Mensik. 

“Les gens parlent tellement de Fonseca qu'ils oublient Mensik”

Il faut dire que le Brésilien, un an plus jeune que le Tchèque, possède un certain charisme et coche toutes les cases pour devenir une star du circuit. Mais d’un point de vue tennis, le nouveau 24ème mondial n’est pas en reste. Ironie du sort, Djokovic, qui garde toujours un oeil sur la jeune génération, avait rappelé avant le tournoi de Miami que “les gens parlent tellement de Fonseca qu'ils oublient Mensik”. 

Sans doute un mal pour un bien pour Mensik qui a pu avancer masqué. Mais désormais, il va devoir s'habituer à un tas de nouveaux paramètres : le regard des autres joueurs, les attentes du public, celles des médias… Pour le protégé de Tomas Josefus, le plus dur commence maintenant. Et s’il a semé de belles promesses à Miami, rien ne garantit que son avenir sera doré. 

Depuis son sacre à Bercy, Rune a plutôt stagné, voire reculé selon ses dires : "Vous vous souvenez de la façon dont je jouais en 2022 ? C'est comme ça que je veux jouer”, avait confié le Danois après sa défaite en finale à Indian Wells contre Draper. Peut-être que Mensik aura aussi besoin d’une phase de digestion avant de briller à nouveau. Après tout, même Djokovic a dû attendre trois ans entre son premier titre en Grand Chelem (2008) et son deuxième (2011). Ou peut-être qu’il surfera immédiatement sur son succès floridien, à l’image d’un Nadal ou d’un Alcaraz, les deux références du 21ème siècle en termes de précocité. Ou peut-être que Miami restera à jamais le plus beau titre de sa carrière. Toutes les options sont possibles car, encore une fois, gagner un grand titre jeune est synonyme de promesse et non de garantie. 

De Chang à Nadal en passant par Andreï Medvedev

Si on regarde le classement des vainqueurs en Master 1 000 les plus précoces, on s'aperçoit que tous ont connu des sorts différents. Mensik est cinquième de ce classement. Devant lui, on retrouve un champion surtout reconnu pour sa précocité (Chang), une légende (Nadal), une en devenir (Alcaraz) et un joueur qui doit encore confirmer son potentiel (Rune). Derrière lui, on retrouve un excellent joueur qui n’a toutefois jamais remporté de Grand Chelem (Andreï Medvedev). Alors oui, Mensik est en bonne compagnie. Mais si tous ces joueurs ont connu le succès, celui-ci ne s’est pas manifesté avec la même ampleur pour chacun d’entre eux. L’avenir du jeune Tchèque s’annonce radieux, mais à quel point ?

Dans ce classement, Djokovic n’est “que” septième. Pourtant, c’est bien lui qui a remporté le plus de Master 1000 (40!) et qui possède sans doute le plus beau palmarès du tennis. Dimanche dernier, le Serbe avait même l’occasion de glaner un centième titre en carrière, à Miami, la ville où il avait remporté son premier Master 1 000 il y a 18 ans. Niveau storytelling, c’était pas mal. Et honnêtement, on s’attendait tous à le voir écrire une énième page d’Histoire. Mais Mensik, de 18 ans son cadet, a osé lui subtiliser le stylo pour écrire le premier chapitre de sa carrière. A lui d’écrire les suivants.  

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Commentaires

Cri37
il y a 13 jours

Génial ce visuel
Un dessin de mensik pour ce jeune talent !
Bravo 👏 l art visuel et le sport réunis dans cet article. Formidable !

Merci pour cette invitation à suivre le "Dessein" de Mensik !