A Melbourne, Zverev est parvenu à atteindre la finale d’un Grand Chelem pour la troisième fois de sa carrière. Mais contrairement à ses deux premières tentatives, l’Allemand n’a jamais semblé proche de l’emporter.

Si près du graal. Et si loin en même temps. En atteignant la finale de l’Open d’Australie, Zverev s’est approché de son objectif ultime, à savoir un premier sacre en majeur. Mais sa lourde défaite en finale contre Sinner lui a rappelé tout le chemin qui lui reste à parcourir pour enfin décrocher le gros lot. Un paradoxe qui nous pousse à la question suivante : Sascha a-t-il réussi son tournoi ?
Pour la quasi-intégralité du circuit, la question ne devrait même pas se poser quand on atteint la finale d’un des quatre tournois les plus importants de l’année. Mais elle se pose tout de même pour Zverev. Déjà parce que l’Allemand est numéro deux mondial, un classement, et même un statut, qui nourrit forcément son ambition. Surtout, quand on connaît son obsession pour décrocher son premier Grand Chelem, atteindre la finale ne peut pas être une réussite totale.
Un statut de numéro 2 renforcé
Sans être une réussite totale, son tournoi est-il au moins une petite réussite ? Commençons par les “pour”. Le plus évident, d’abord : Zverev a atteint la finale d’un Grand Chelem, ce qui constitue quoiqu’il arrive une belle performance. Le natif d’Hambourg, tête de série numéro deux, a rempli son contrat en atteignant la finale à Melbourne. Mieux que ça, il a cimenté son statut de deuxième mondial au classement ATP et a confirmé que c’était bien lui le dauphin de Sinner.
Autre satisfaction, Sascha n’a lâché aucun set en première semaine. Rien d’incroyable pour un joueur de son calibre. Mais par le passé, on a vu trop de fois Zverev galérer dans les premiers tours et ensuite le payer pour ne pas le signaler. Dans sa quête de Grand Chelem, ce parcours immaculé en première semaine doit désormais devenir une habitude. Enfin, sa quinzaine à Melbourne confirme sa régularité au plus haut niveau. Il a désormais disputé neuf demies et trois finales en majeur. Hormis Ruud, tous les joueurs qui ont buté sur la dernière marche en Grand Chelem lors de leurs trois premiers essais ont fini par triompher. De Lendl à Thiem en passant par Murray, Agassi et Ivanisevic, plusieurs exemples montrent que Zverev est forcément sur la bonne voie.
Voilà pour le rayon des satisfactions. Malheureusement pour Sascha, les points qui ternissent son bilan australien possèdent sans doute une portée plus significative. Sa route pour atteindre la finale à Melbourne ne comportait pas d'obstacle majeur. Djokovic aurait pu en être un. Mais sa cuisse douloureuse en a décidé autrement. Si on met de côté sa victoire sur abandon contre le Djoker, les meilleurs joueurs battus par Zverev se nomment Humbert et Paul. Des excellents joueurs, mais pas des prétendants au titre. Une sortie de route contre l’un d’eux aurait constitué une sacrée contre performance. Finalement, l’Allemand a “juste” fait le job en profitant d’un tableau plutôt clément.
Impuissance et léger déclassement
En finale, l’adversité est clairement montée d’un cran avec de l’autre côté du filet le patron du circuit. Et Zverev, comme les autres adversaires de Sinner, n’a pas su relever le défi. Pire que ça, il n’a jamais semblé en mesure de pouvoir le relever. Il y a bien eu quelques moments chauds dans le deuxième set. Mais sur l’ensemble du match, on a quand même eu l’impression que les deux joueurs ne boxaient pas dans la même catégorie. Si Sascha était proche de soulever le trophée lors de ces deux premières tentatives (défaite en cinq sets contre Thiem et Alcaraz), ce ne fut pas le cas cette fois-ci. Bien que finaliste, il quitte Melbourne avec un sentiment d’impuissance et de léger déclassement.
Alors qu’il a lui-même répété qu’il tenterait de se rapprocher du niveau de Sinner et d’Alcaraz en 2025, la finale de l’Open d’Australie l’a placé devant un constat douloureux : l’écart ne s’est pas réduit, il s’est peut-être même creusé. Si Zverev est bien le dauphin de Sinner, il n’est pas pour autant son principal rival. On ne prend pas trop de risques si on affirme que l’Italien craint plus Carlitos que Sascha.
Comment Zverev peut-il réduire cet écart ? Et surtout, comment peut-il enfin triompher en majeur ? Lors de la Laver Cup, un certain Federer lui avait donné un axe d’amélioration : “Quand je le vois jouer, je vois quelqu'un qui joue beaucoup trop passivement, beaucoup trop défensivement dans les moments décisifs. Il est génial en défense, mais je pense que pour gagner, il doit regarder vers l'avant”. Contre Sinner, Zverev a fait preuve une fois de plus de passivité. Pour ne plus être considéré par certains observateurs comme le meilleur joueur de l’histoire à n’avoir jamais remporté de Grand Chelem, il devra sans doute appliquer les conseils de la légende Suisse. Sinon, il risque de rester à une bonne distance de sécurité de son graal.
Una finale in una foto. Nice shot! #AusOpen #JannikSinner #sinner #Zverev #life pic.twitter.com/r9nAT1IRV9
— Marco Mazzoni (@marcomazz) January 28, 2025
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Commentaires
Excellent article qui permet de mieux comprendre les enjeux de ce tournoi !