L’heure du bilan a sonné. Alors que l’Open d’Australie nous avait franchement gâtés lors des dernières éditions, le premier majeur de l’année a cette fois-ci déçu, du moins chez les messieurs.

Un sacre attendu, celui de Jannick Sinner. Un autre plus surprenant, celui de Madison Keys. Et sinon ? Voici ce que nous retenons de cette quinzaine australienne.
On a aimé :
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La route de Madison
Les têtes de série 1, 2, 6 et 10 au tapis. Clairement, Madison Keys n’a pas volé son premier sacre en Grand Chelem. Son tournoi était déjà une belle réussite jusqu’en demi-finales. Mais il a pris une toute autre dimension dans le dernier carré puisque l’Américaine a tout simplement dominé les deux patronnes du circuit. Un premier combat contre Swiatek (en sauvant une balle de match s’il vous plaît) lui a ouvert les portes d’une deuxième finale en majeur, huit ans après celle perdue à l’US Open. Un deuxième combat contre Sabalenka lui a ouvert les portes du paradis. Résultat, cette ancienne grande espoir du tennis mondial nous a offert deux des meilleurs matchs de cette édition 2025.
📊 Madison Keys 🇺🇸 est devenue la 1ère joueuse depuis Svetlana Kuznetsova 🇷🇺 (RG 2009) à remporter un Grand Chelem après avoir battu les N°1 ET N°2 mondiales.
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) January 25, 2025
A l'Open d'Australie, il faut remonter à 2005 (Serena Williams 🇺🇸).pic.twitter.com/rq4VIFnfIh
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Les taulières globalement au rendez-vous
Tandis que le big four verrouillait quasi systématiquement les premiers rôles en Grand Chelem chez les messieurs, le tennis féminin souffrait de l’inconstance de ses principales têtes d’affiche lors des quatre tournois les plus importants de l’année. Mais grâce notamment à Sabalenka et Swiatek, cette époque semble désormais révolue (on a même parlé un temps de big 3 avec Rybakina comme troisième locomotive…). L’Open d’Australie a confirmé que le circuit féminin avait retrouvé une certaine stabilité. En quarts de finale, quatre des huit premières têtes de série étaient au rendez-vous. Les quatre autres ? Deux anciennes finalistes de Grand Chelem (Keys et Pavlyuchenkova) et deux revenantes qui figuraient autrefois dans le top 3 (Badosa et Svitolina). Un casting très intéressant, qui n’empêche pas des parcours rafraîchissants comme celui de Keys.
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Le retour du vrai Djokovic
Certes, le djoker n’a pas gagné son onzième Open d’Australie et il a même achevé son tournoi sur un triste abandon. Mais après une saison 2024 très loin de ses standards en majeur, on a retrouvé le vrai Nole, notamment lors de sa victoire contre Alcaraz. Ce match-là, c’était du pur Djoko : décisif dans les moments clés, une précision chirurgicale, des retours monstrueux et l’impression pour son adversaire de n’avoir aucune solution… Et comme souvent lors de ses dernières sorties en Grand Chelem, on a même eu le droit à deux petites polémiques. Les mauvaises langues diront que l'épisode de sa blessure à la cuisse et celui de son altercation avec un journaliste local nous ont confirmé que c’était bien le vrai Djokovic qui avait posé ses valises en Australie.
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Monfils qui continue de régaler à 38 ans
Titré à Auckland, on savait que Monfils sentait bien la balle en ce début de saison. Sa victoire contre Mpetshi Perricard constituait déjà une belle performance, surtout à 38 ans. Pourtant, on n'avait encore rien. Au troisième tour, le Français a tout simplement sorti l’un des plus grands matchs de sa carrière en Grand Chelem pour éliminer au troisième tour Fritz, quatrième mondial et a minima outsider pour le titre. Éternel Gaël.
🤯@Gael_Monfils electrifies MCA and #AO2025, eliminating no.4 seed Taylor Fritz.@wwos • @espn • @eurosport • @wowowtennis • #AusOpen • #AO2025 pic.twitter.com/atTcDY8tBQ
— #AusOpen (@AustralianOpen) January 18, 2025
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Les jeunes loups aux dents longues
Après la next gen (Zverev, Tsitsipas, Rublev…), la next next gen (Alcaraz, Sinner, Rune…), place à la baby gen ? Lors de cet Open d’Australie, les teenagers ont montré toute leur ambition et surtout tout leur talent. Petite question, entre les victoires de Fonseca contre Rublev, Mensik contre Ruud et Tien contre Medvedev, quelle performance vous a le plus impressionné ? De notre côté, on penche plutôt pour celle de Fonseca qui a fait passer Rublev pour un joueur à la frappe de balle lambda.
On n'a pas aimé
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Sinner (trop) seul au monde
Trois petits sets pour disposer de De Minaur en quarts, idem contre Shelton en demies et contre Zverev en finale. Pour le suspens, on repassera. Pour conserver son titre à l’Open d’Australie, Sinner s’est baladé, trop baladé. Ce fut déjà le cas lors du dernier US Open. Djokovic étant plus proche de la fin que du début, seul Alcaraz semble vraiment en mesure de le contrarier sur dur.
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La fin de tournoi chez les hommes
Chez les messieurs, les demi-finales et la finale ont fait flop. A qui la faute ? Principalement à l’impitoyable Sinner et à la cuisse de Djokovic, contraint d’abandonner après un set contre Zverev. Au total, seulement sept sets ont été disputés lors des trois derniers matchs du tournoi. A priori, on ne prend pas trop de risque si on affirme qu’aucun de ces trois matchs ne restera dans les annales. Autre petite déception, aucun match de la deuxième semaine ne s’est disputé en cinq sets. Une première depuis Roland Garros 2016.
📊 Pour le 7ème tournoi du Grand Chelem depuis le début de l'ère Open, aucun match en 5 sets ne s'est disputé lors de la deuxième semaine :
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) January 26, 2025
🇺🇸 US Open 1977
🇦🇺 Open d'Australie 1983
🇬🇧 Wimbledon 2004
🇫🇷 Roland Garros 2007
🇦🇺 Open d'Australie 2008
🇫🇷 Roland Garros 2016
🇦🇺 Open… pic.twitter.com/XsiY26zhGr
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Le public australien qui siffle Djokovic
Abandonner en demi-finale de Grand Chelem ne doit sûrement pas être simple. Mais en plus de ce fardeau, Djokovic a dû faire face aux sifflets d’une partie de la Rod Laver Arena. Même si sa frustration était légitime, le public australien a clairement manqué de classe et d’empathie sur ce coup là. Aurait-il agi de la même manière si Federer ou Nadal étaient dans la position de Djokovic ? Le doute est sérieusement permis. Zverev ne s’est en tout cas pas gêné de lui rappeler les bonnes manières lors de son interview d’après match.
Potentiellement la dernière fois qu'on voyait Novak Djokovic à Melbourne. Le plus grand champion de l'histoire de l'Open d'Australie sifflé pour sa dernière ? La honte. pic.twitter.com/qfKiNTBJnr
— Quentin Moynet (@QuentinMoynet) January 24, 2025
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La mauvaise gestion des temps faibles d’Alcaraz
Sa défaite contre Djokovic a rappelé à tous les observateurs la principale marge de progression d’Alcaraz : la gestion des temps faibles. Il faut dire qu’en face de lui se trouvait un expert en la matière. Quoiqu’il en soit, l’Espagnol a souvent du mal à gagner sans déployer son meilleur tennis. Il avait réussi à le faire lors de son sacre à Roland Garros. Pas cette fois-ci, et il l’a payé cher.
Le bilan des Françaises : la catastrophe, comme prévu
Une seule rescapée au deuxième tour (Gracheva) et aucune représentante tricolore au troisième tour. Le tennis féminin français a sombré durant cet Open d’Australie. Le pire, c’est que ce fiasco était plutôt attendu. Avec seulement cinq joueuses sur la ligne de départ, la France manque clairement de densité. Parmi elles, on ne comptait aucune tête de série. La situation est d’autant plus préoccupante car elle pourrait bien devenir habituelle lors des prochains majeurs. La première Française, Gracheva, pointe cette semaine à la 69ème place mondiale et la relève se fait attendre (la première française âgée de moins de 20 ans est “seulement” 348ème, il s’agit de Tiantsoa Rakotomanga Rajaonah). A court terme, il faudra sûrement compter sur un retour au premier plan très hypothétique de Caroline Garcia pour voir une tricolore jouer les premiers rôles en Grand Chelem. A moins que Diane Parry ou Clara Burel parviennent à passer la vitesse supérieure…
📊 Pour la 2ème fois depuis 1987*, aucune joueuse française n'a réussi à se qualifier pour le troisième tour de l'Open d'Australie 🇦🇺 (2020 & 2025).
— Jeu, Set et Maths (@JeuSetMaths) January 16, 2025
✍️ * : Entre 1969 et 1985, les tableaux de l'Open d'Australie étaient constitués de 64 joueuses ou moins. C'est passé à 96… pic.twitter.com/tlg1Bcr88z
Le bilan des Français : encourageant, comme prévu
A l’inverse des dames, la France possède une belle densité chez les messieurs avec, cette semaine, dix joueurs dans le top 100. Mais en plus de ce vivier intéressant, qui est assez habituel, le tennis français a retrouvé des ambitions légitimes puisque trois bleus figuraient parmi les têtes de série avant le tournoi (Humbert, Fils, Mpetshi Perricard). L’un d’entre eux comptaient même parmi les 16 premiers (Humbert). En théorie, la France devait donc placer trois représentants au troisième tour et un en huitièmes. Il a fait un peu mieux que ça : cinq tricolores (Humbert, Fils, Monfils, Moutet, Bonzi) ont atteint ce premier cap, deux ont accédé à la deuxième semaine (Humbert, Monfils). Lamonf s’est même payé en chemin Fritz, numéro 4 mondial. S’il n'a pas réalisé d’exploit semblable, Humbert, lui, a fait le job en se qualifiant pour les huitièmes de finale. C’était seulement la troisième fois de sa carrière qu’il atteignait ce stade de la compétition en majeur. Bref, le bilan est plutôt encourageant, surtout quand on a connu les années noires post-covid où les Français avaient la fâcheuse habitude de quitter les tournois du Grand Chelem avant le début de la deuxième semaine.
En vrac
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Tsitsipas retrouvera-t-il un jour la flemme ? Eliminé dès le premier tour contre un épatant Michelsen, le Grec a lui-même avoué manquer de motivation. A un degré moindre, d’autres têtes d’affiche du circuit masculin traversent une période délicate, comme Medvedev, Hurkacz ou encore Rublev, tous éliminés plus tôt que prévu dans le tournoi.
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Madison Keys parviendra-t-elle à se stabiliser dans le top 10 ? L’Américaine a fait un sacré bond au classement WTA où elle pointe désormais à la septième place. Pour combien de temps ?
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Intouchable sur dur, Sinner peut-il étendre sa domination sur les autres surfaces ? Ce sera sans doute son principal objectif en 2025. En tout cas, les médias italiens parlent déjà de Grand Chelem calendaire…
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Novak Djokovic a-t-il laissé passer sa dernière chance pour glaner un 25ème majeur ? Il ne faut jamais insulter l'avenir, surtout avec un tel champion. Mais le temps qui passe ne joue pas en sa faveur…
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C’était quand la dernière fois qu’on a eu des demi-finales aussi décevantes chez les hommes ?
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Sabalenka et Swiatek font-elles exprès de s’éviter en Grand Chelem ? Les deux premières mondiales ne se sont jouées qu’une fois en majeur en douze confrontations. Et c’est dommage, car les affrontements en Grand Chelem pourraient faire passer leur rivalité, déjà intéressante, dans une autre dimension. A un point près, la Polonaise et la Biélorusse auraient pu se retrouver en finale mais Madison Keys en a décidé autrement. Rendez-vous à Roland Garros ?
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Jusqu’à quel âge Monfils peut-il rester compétitif ?
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Zverev, finaliste malheureux, a-t-il réussi son tournoi ? Vous trouvez la question intéressante ? On tentera d’y répondre dans le prochain article de Banana Shot.
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Et pour finir, quelles notes attribuez vous à cette édition 2025 ?
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